Dopage: les tests ADN, un espoir pour le cyclisme --par Samuel Pétrequin--
AP | 06.11.06 | 15:31
PARIS (AP) -- Le procès Cofidis s'est ouvert lundi à Nanterre au terme d'une saison cycliste de nouveau frappée de plein fouet par les affaires de dopage.
L'Opération Puerto en Espagne, qui a empêché plusieurs vedettes du peloton dont Jan Ullrich et Ivan Basso de prendre le départ du Tour de France, et le contrôle positif de l'Américain Floyd Landis annoncé quelques jours après sa victoire dans la Grande Boucle ont contraint les acteurs du sport cycliste à prendre le problème à bras le corps.
Confrontée à des affaires de dopage à répétition, l'Union cycliste internationale (UCI) a annoncé cet automne qu'elle étudiait la possibilité d'imposer des tests ADN obligatoires aux coureurs des épreuves de son circuit d'élite, le Pro Tour.
L'UCI a précisé qu'elle avait également l'intention d'établir un profil physiologique des coureurs à partir duquel elle pourrait évaluer leurs performances. "Nous devons donner au monde un signal très fort et montrer que nous n'acceptons pas les tricheurs", a souligné le président de l'UCI, Pat McQuaid.
Dépassée par les apprentis sorciers du dopage, qui approvisionnent sans cesse les sportifs de nouvelles molécules indétectables, l'UCI semble déterminée à réformer son programme de prévention, avec l'appui des groupes sportifs.
Fin octobre, l'Association internationale des groupes cyclistes professionnels (AIGCP) a souscrit à la proposition de l'UCI et souhaite obliger tous les coureurs à donner leur ADN, dès la saison prochaine. Patrick Lefévère, le président de l'AIGCP, a déclaré à Paris que les avocats de l'association allaient mettre sur pied un texte qui sera soumis avant le début de la saison 2007 à tous les cyclistes du peloton et qui concernera également les néo-professionnels.
"Chaque équipe va demander à ses coureurs de signer un papier donnant l'autorisation à l'UCI de donner leur ADN", a expliqué Lefévère, également manager de la formation Quick Step. "S'ils ne sont pas d'accord, personne ne peut me forcer à prendre quelqu'un dans mon équipe. Les coureurs pourront toujours aller devant les tribunaux..."
Impliqués dans l'opération Puerto, Ullrich et Basso n'ont pas souhaité fournir leur ADN aux autorités espagnoles pour qu'il soit comparé avec celui retrouvé dans des poches de sang congelé découvertes dans la clinique madrilène du médecin au coeur du scandale. Leurs équipes respectives, la T-Mobile et la CSC, ont mis fin à leur collaboration avec eux.
Au-delà de la faisabilité médicale de tests ADN, l'UCI a toutefois souligné qu'elle devait étudier les implications légales de ce genre de contrôles.
Selon Alain Rumpf, le manager du Pro Tour, l'utilisation d'échantillons ADN se heurte en effet à des problèmes juridiques liés au respect des droits de l'homme, et une harmonisation des législations à travers le monde sera nécessaire avant leur application systématique.
La fédération internationale place en tous cas de gros espoirs dans ces tests ADN. "A l'avenir, ils pourront servir à des identifications, dans le cadre d'un dossier comme l'affaire Puerto par exemple, ou à nous permettre de découvrir de nouvelles substances", souligne Anne Gripper, le manager du département dopage de l'UCI.
Pour la saison 2007, l'UCI a par ailleurs prévu d'augmenter nettement le nombre de ses contrôles antidopage.
"Nous voulons surtout augmenter et améliorer les contrôles hors-compétition", poursuit Gripper. "L'élément de surprise est important."
Il le sera d'autant plus que l'EPO, drogue reine des années 90, est soupçonnée de faire un retour en force dans le peloton, sous de nouvelles formes.
Les tests EPO sont effectués grâce à une méthode permettant de déceler directement la présence d'EPO synthétique dans l'urine. Mais les contrôles sont souvent effectués trop près des compétitions, quand les sportifs savent qu'ils vont être contrôlés.
D'autres athlètes ont choisi de changer de stratégie et utilisent désormais des micro-doses EPO. De cette façon, l'hormone de synthèse reste moins longtemps dans leur organisme, probablement environ 48 heures, explique Françoise Lasne, une chercheuse du laboratoire français de Châtenay-Malabry, qui a contribué au développement du test EPO.
A l'origine, seulement deux formes d'EPO synthétique étaient disponibles. Mais avec l'expiration des brevets, des produits génériques sont apparus sur le marché. De nouvelles formes d'EPO ont été produites et des méthodes de production chimique ont fait leur apparition.
Les autres méthodes actuellement en développement utilisent les cellules des athlètes. Une nouvelle technique consisterait à utiliser des cellules prélevées sur la peau pour fabriquer de l'EPO, qui serait ensuite injecté à l'athlète.
"Les tests doivent donc aller plus loin que ce qui se fait actuellement", prévient la chercheuse. AP